Laurent Fournier hait Blayau
Dix-sept mois après son éviction à la fois surprise et cruelle du Paris-SG, Laurent Fournier s'est longuement confié dans L'Equipe de jeudi et apporte des éclaircissements étonnants et détonants. L'ancien entraîneur du PSG a semble-t-il enfin digéré cet épisode malheureux mais garde une haine tenace envers Pierre Blayau, l'ancien président qui l'a limogé.
Extraits.
La victoire à Bordeaux (2-0) à l'automne 2005 est symptomatique du rapport glacial qu'entretenaient Laurent Fournier et Pierre Blayau, pas franchement réjoui par la victoire de son équipe, et pour cause : « En novembre 2005, quand on a gagné à Bordeaux (15e journée) le seul qui n'était pas heureux, c'était lui. Je sais que Guy Lacombe, ce soir-là, attendait sur son canapé avec une valise. Blayau me mettait une pression incroyable dans la presse. Dans la semaine, il était venu au Camp des Loges pour parler aux joueurs et s'en expliquer : ''Si je fais ça, c'est pour vous. Moi, je veux que l'année prochaine, vous jouiez à Old Trafford ou au Nou Camp. Vous savez, le staff m'emmerde, la presse m'emmerde, il n'y a que vous que j'aime...''» Après le match, Blayau a eu cette pique envers Sylvain Armand, pourtant auteur d'un bon match au milieu : «Il a dit à Sylvain : ''Tu sais, ce n'est pas au milieu que tu as une chance de jouer la Coupe du monde, c'est comme arrière gauche''.»
Durant la trêve hivernale et alors qu'il revient de quelques jours de vacances en Russie, Laurent Fournier apprend qu'il est limogé. « C'était une période incroyable. On était en course pour la deuxième place. Quand j'ai été viré, on était à un point du deuxième. Et j'entendais le président répéter : ''On a oublié la première place''. » Après mon départ, il a aussi oublié la deuxième, et beaucoup d'autres encore. Il cherchait à me déstabiliser. (...) Après notre défaite à Lyon, il avait déclaré : ''Si stabilité rime avec médiocrité, il est temps de changer.'' C'est une phrase qui m'a marqué. Quelques mois plus tard, j'étais en train de regarder le PSG-OM des minots (0-0, 29e journée, le 5 mars 2006) chez moi, avec des amis. On a bu quelques verres, et on a fini par envoyer ce texto à Blayau : ''Si humilité rime avec médiocrité, nullité rime avec quoi ?'' Il a cherché partout d'où cela venait. Maintenant, il le sait.»
Le technicien, meurtri par cette éviction, a vu le club plonger au classement avec l'arrivée de Guy Lacombe. «Moi, je suis sincère : quand on te dit qu'à ta place on va recruter le meilleur tacticien, le meilleur formateur, un mec qui travaille énormément, et qu'on te fait passer pour un nul, tu souris quand tu vois que ses résultats sont moins bons que les tiens. J'ai été blessé par certains mots. De manière étonnante et symbolique, Guy Lacombe a été limogé après sa défaite face à Valenciennes et Antoine Kombouaré, l'homme qui m'avait fait revenir au PSG en parlant de moi pour l'équipe de CFA. J'ai apprécié l'ironie.»